In memoriam Etienne RENAUD


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"Un père blanc au Soudan 2004 ", Paul Renaud, 2004


J'ai passé quelques jours récemment auprès de mon frère Etienne, Père Blanc à Khartoum
Où il enseigne l'arabe aux soudanais. Cela peut intriguer: il est un islamologue de haut niveau, mais pourquoi un étranger, religieux, catholique, enseigne-t-il l'arabe dans un pays musulman dont c'est la langue officielle et religieuse?

C'est dans l'histoire du pays qu'il faut cherches la réponse.
Le Soudan; "bled es soudan", "pays des noirs" pour les Arabes, arrière pays de l'Egypte s'étirant le long du Nil jusqu'au centre de l'Afrique, est à la fois arabe et africain: tout au long de son histoire, le Sud (africain) fournissait au Nord (égyptien puis arabe) soldats et esclaves

Quand les Européens se mêlèrent d'organiser l'Afrique, les Britanniques établirent sur cet immense pays un "condominium anglo-égyptien" et en fixèrent les frontières, englobant sous le régime colonial aussi bien les arabes que les noirs africains. Sous ce régime, les provinces jouissent d'une certaine autonomie, arabes et musulmanes au Nord (60% de la population), "négroafricaines" , animistes et chrétiennes au Sud

Arrive l'indépendance en 1956,et avec elle une succession de juntes militaires arabes qui chercheront à imposer au Sud leur langue et leur religion. Le Sud entre en rébellion, d'où une guerre civile de quarante ans entraînant des centaines de milliers de morts, de réfugiés et de personnes déplacées.

Mais pourquoi donc alors apprendre l'arabe aux soudanais?

Aujourd'hui, le Soudan est à un nouveau tournant de son histoire. Une issue semble avoir enfin été trouvée pour le conflit Nord-Sud, les populations se sont mélangées avec un afflux de personnes déplacées vers le Nord, en particulier autour de Khartoum; et l'arabe est désormais admis comme la langue officielle. Il n'en reste pas moins que beaucoup de chrétiens d'origine sudiste parlent encore divers dialectes et ne maîtrisent pas cette langue et c'est un obstacle à leur intégration. Face à cette situation, la Conférence Episcopale du Soudan, a confirmé que la langue d'évangélisation du pays devait être l'arabe, - bien que cette langue soit aussi un véhicule de l'islamisation! – et a créé le Christian Language Institute of Khartoum ( CLIK ),pour les prêtres, religieuses, diacres, catéchistes…d'autant plus utile que beaucoup de paroisses catholiques possèdent des écoles. Et ce centre a été confié aux Pères Blancs qui l'ont confié à mon frère.

Voilà comment un religieux étranger enseigne leur langue à des Soudanais…

En fait, mon frère se fait aider par des professeurs recrutés sur place et donne aussi des cours du soir aux expatriés étrangers appartenant pour beaucoup aux nombreuses ONG qui ont afflué dans ce pauvre pays ruiné par la guerre civile.
Il passe enfin ses week-ends dans une paroisse confiée elle aussi aux Pères Blancs et tenue par des religieux qui, eux sont africains, dans une des immenses banlieues misérables de la capitale où cohabitent chrétiens et musulmans dans une certaine tolérance.

Paul RENAUD


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